Pour vous, les femmes

Bonsoir Mesdames, et Mesdemoiselles,

Pardonnez-moi le terme « ma demoiselle » a disparu mais en ce qui me concerne, je trouve qu’il mérite de continuer à exister. On ne peut décemment pas dire à une jeune fille de 20 ans « Madame », même moi à l’aube de mes 40 ans , mariée et mère j’ai du mal à l’assumer (certes je suis née dans les années 70).

Passons, cet article est né d’une réflexion que je me suis faite ce soir, avec la concordance des commentaires de ma petite Sasha de 6 ans. Donc m’y voilà, je suis allée hier chez ma dermatologue, pour un « peeling ». Beaucoup de fatigue, de stress et trop de tâches en même temps ont eu raison de ma bonne mine et de mes traits d’une femme à l’aube de l’ère quadra. Pour être honnête je me suis sentie d’un coup quinqua, et cela a crée dans mon conscient de femme, une angoisse terrible.

Bref, peeling fait, jour 1: catastrophe: je suis défigurée, visage plein de squams, mais la petite voix de ma dermatologue raisonne encore dans ma tête: «  c’est normal, tartinez vous avec du cicalfate, un écran total et tout ira bien ». Ah «  oui? Tout va bien, je fais peur à ma fille tout en lui inspirant de la pitié, je cite «  ne t’inquiètes pas maman, personne ne va se moquer de toi ». Réflexion adorable mais irréelle puisque la plupart des gens que je croisé ne m’ont offert que des «  tu as une allergie?? Si c’est le cas elle est drôlement sévère! » ou du «  un accident récemment? », ou juste des regards un peu trop insistants, pour finir avec « tu te rends compte, il va falloir que tu fuis le soleil, alors qu’on l’attend depuis si longtemps!! ».

C’est drôle, mais en même temps, une fois mon image décortiquée dans mon miroir, je me surprends à penser: mais pourquoi j’ai fait ça? Je n’ai pas vraiment de problème avec le fait de vieillir, bien au contraire, j’adore!! Maturité, prise de décisions rapides, être capable de savoir que je ne veux plus vivre, et ce pourquoi je veux me battre, me sièd à merveille. Bien au-delà de la folie des 20 ans, où l’on se retrouve comme des chiots fous à vouloir tout essayer, tout goûter, pour au final se trouver face à un mur d’erreurs.

Après une longue méditation truffée de questionnements, et avec l’aide de ma crapotte, je me suis rendue compte que c’était pour être acceptable en société. Pouvoir plaire aux clients, à mon mari, à mes copines, à ma fille, aux réseaux sociaux, et tout quanti. En réalité, p…. mais qu’est ce que je m’en fous! Mes rides, mon oval qui s’éteind, mes expressions, mon expérience qui a laissé beaucoup de traces, mes peurs, la force que j’essaie de puiser dans le peu de réserves qui me reste pour être une maman à la hauteur, une épouse digne, une femme sociale qui réussit. C’en est trop.

De là , je n’ai eu qu’une seule envie: célébrer les femmes. Je l’ai fait pendant prèsque 10 ans, en tirant des portraits de femmes, de tout âge, de toute catégorie sociale, ayant vécu toutes sortes de choses. Je me suis rappelée d’un dialogue que j’avais tendance à répéter à ces beautés, que j’ai fini par oublier car je suis tombée dedans la tête la première: “ vous êtes belle! Chaque femme a une beauté qui sommeille. Il ne faut pas se laisser persuader du cointraire, ni par les codes de beauté imposés par notre société régie par  la course à la jeunesse, par du pouvoir, et de l’égalité face aux hommes.” Et je continue à le penser, mais d’une manière encore différente, car étant mère et épouse désormais, je me rends compte à quel point le rôle de femme est difficile: s’occuper des enfants, du mari, du travail, remplir le frigo, remplir l’agenda de rendez-vous chez les médecins pour les bambins ( et le mari), voire même pour les animaux domestiques, ne pas oublier de s’épiler, de bien s’habiller, avoir une vie sociale, et surtout faire en sorte que tout ne s’écroule pas en votre absence; le tout pour entendre un “écoute, arrêtes de te plaindre, tu n’as pas grand-chose à gérer”, jeté avec une irréfléxion digne d’un mollusque.

Alors, j’ai un peu tendance à faire des monologues un peu longs et rébarbatifs, mais pour résumer,  voici ce que je tenais à vous dire ce soir:

– évadez-vous de temps en temps

– arrêtez de croire que vous êtes des robots et que vous devez viser la perfection

– pensez à vous

– acceptez de craquer

– assumez vos rondeurs, vos maigreurs, vos rides, cernes, boutons, sauts d’hormones,

– acceptez de plier tel un roseau, de pleurer, d’avoir envie de tuer tout le monde, de hurler, d’avoir des instants totalement dénués de tout sens.

– Mais surtout, n’oubliez pas une chose: vous êtes belles, vous êtes fortes, vous détenez le vrai pouvoir, donc n’allez jamais vous saboter, ni vous faire prendre au piège par les codes imposés par la société et les hommes. Vivez, cherchez le bonheur, peu importe ce qu’il peut coûter car vous le méritez.

Pour être honnête, je suis là avec mon faciès écorché, mon verre de vin , pas épilée, le cartable de ma fille pour demain n’est toujours pas prêt, tout comme le dîner qui a refroidi depuis 2 heures. Et bien pas grave! Ce moment est pour moi, rien que pour moi parce que je le mérite, et parce que je parfois, j’ai le droit à ne plus être un robot fait-tout mais juste une femme face à elle-même.

Bonne soirée, et bonne méditation à vous, chères Femmes…